Autant que Waterloo et Trafalgar, le nom de Fachoda sonna longtemps en France comme le symbole d'une défaite déloyale infligée par une arrogante et perfide Albion. Mais en utilisant des documents enfouis depuis plus d'un siècle dans les archives du Quai d'Orsay, Paul Webster expose pour la première fois les vraies raisons - pas toujours à l'honneur de Paris - de cet humiliant affront sur les rives inhospitalières du Nil.
En 1898, l'échec de l'héroïque mission Marchand au Soudan fut l'aboutissement d'une longue et cruelle rivalité entre cinq pays européens pour le contrôle d'une position stratégique africaine que Londres considérait comme sa propriété.
L'«incident de Fachoda» fut le point culminant de vingt ans de cynisme et de cruauté de la part des grandes puissances pour annexer un fleuve fertile et mystérieux qui attira des explorateurs pacifiques, des romanciers rêveurs, des aventuriers intrépides, mais aussi des militaires sanguinaires européens et africains.
De cette fresque conquérante émerge l'impact néfaste du patriotisme pervers et cupide de Léopold II de Belgique, et la roublardise du Kaiser complotant contre les intérêts de Paris et de Londres. Une galerie de personnages célèbres : Hanotaux, Delcassé, Gambetta, Ferry et Brazza côté français. Victoria, Salisbury, Disraeli, Stanley, Churchill, Kitchener, Livingstone et Gordon côté anglais, animent un ouvrage riche en rebondissements.
Si la lutte pour le Nil se termina en faveur de l'Angleterre, ce livre montre qu'à long terme c'est la France qui bénéficia le plus de l'«incident de Fachoda» où l'orgueil de deux héros, isolés dans des terres hostiles, fut à deux coups de canonnière d'embraser le monde.