En 2000, les Nations unies établissaient les «objectifs du millénaire»
visant à réduire drastiquement le nombre d'affamés dans le monde en
quinze ans. Mais, en 2015, on comptera autant de personnes qui ont faim
qu'en 2000 et qu'en... 1900, soit 850 millions. Toutes les dix secondes, un
enfant continue à en mourir. Cette situation se paye au prix fort : insécurité,
guerres, piraterie, terrorisme, émigration sauvage, épidémies. La faim tue
bien plus que les guerres... Pourquoi, alors qu'on a réussi en un siècle
à nourrir 5 milliards de personnes supplémentaires, ne peut-on l'éradiquer ?
Aujourd'hui, la faim n'est plus seulement fille de l'ignorance ou des
incidents climatiques, mais principalement de la cupidité, de l'incurie et
de l'indifférence. C'est ce que montre Bruno Parmentier dans ce livre argumenté
et pédagogique : il s'agit d'un phénomène politique, et son élimination
relève donc de l'action politique. Certains pays remportent ainsi
des victoires, tels la Chine, le Viêt-nam ou le Brésil - avec son programme
«Faim zéro» -, alors que d'autres stagnent, comme l'Inde, ou reculent,
comme la plupart des pays d'Afrique subsaharienne.
Malgré le réchauffement de la planète et l'augmentation de la population,
malgré l'accaparement des terres ou la production d'agrocarburants
au détriment des aliments, les solutions existent pour que tous
mangent à leur faim, dès lors que les États se décident à agir : «renutrition»
d'enfants en danger de mort ; encouragement des techniques
de production agricole agroécologiques, y compris dans la petite agriculture
familiale ; soutien ciblé au revenu des mères de famille fragilisées ;
promotion de nouvelles alliances financières public-privé, etc. On peut
y arriver, explique ce livre optimiste, si les citoyens, leurs organisations
et leurs gouvernements reconnaissent la faim comme le principal
problème que doit affronter l'humanité.