Voici les actes du colloque organisé conjointement par le Conseil d'État et l'École des hautes études en sciences sociales en février 2013. C'est un triple défi intellectuel que ces rencontres eurent à relever. Aux difficultés inhérentes à toute histoire comparée, s'ajoutent non seulement le flou entourant la définition du terme de fonctionnaire ou de fonction publique, mais aussi la variété extrême des régimes composant "l'Europe des dictatures : 1933-1948".
Ce fut le rôle de la 1ère session : "Prise du pouvoir et mise au pas" que de repérer à travers l'extrême diversité des situations des régimes, d'éventuels dispositifs communs visant à s'assurer l'obéissance de l'appareil d'État.
Pour résumer la 2e session, "Le droit est un outil de légitimisation ", on ne peut qu'être troublé par l'absolu besoin de légitimité formelle que recherchèrent toutes ces dictatures. La problématique est sensiblement la même pour la 3e session : "Pratiques professionnelles et marges de manoeuvre". Les exemples abondent, on le sait, pour démontrer à quel point la maîtrise du métier administratif est un facteur décisif du succès ou non, des politiques publiques. Cette question de la marge de manoeuvre est essentielle. Et puis, le thème de la 4e session : "Personnes, institutions et réseaux" où il est montré comment certains firent le saut ! Nombre de ces cavaliers solitaires ont témoigné ensuite de ce qu'il leur en avait coûté, y compris après le retour à la normale, d'avoir choisi en toute conscience l'insoumission. Ces rencontres ont permis d'exhumer quelques unes de ces situations emblématiques qui conduisent à d'autres interrogations : une institution n'est-elle que la collection des personnes qui la composent ? Comment les institutions pensent-elles, agissent-elles, protègent-elles, répriment-elles ? La tension entre logique du "cavalier seul" et prégnance de l'esprit de corps est-elle si intense qu'elle ne peut être résolue que par des personnalités d'exception, lors de circonstances exceptionnelles ?