Comment vivre, en homme, avec un « coeur de fille » ? Pourquoi faut-il « faire le garçon » ? Dans ce récit d'initiation où alternent l'enquête et le roman, Jérôme Meizoz esquisse une éducation sentimentale, tendre et crue, commencée dans Séismes (Zoé, 2013).
« Il aime les contrastes entre les corps, les comparer, les étudier. Les chairs un peu fatiguées. Les corps lentement qui perdent la partie. Le naufrage. Souvent les femmes pleurent. L'ancienne beauté dont on ne peut faire le deuil. Il leur tend un mouchoir, souriant sans parler, se lève pour arranger les fleurs dans le vase. L'odeur une fois encore l'étourdit un peu. »
Pourquoi le garçon a-t-il décidé de se prostituer ? Le voilà confident de femmes délaissées auxquelles il vend ses caresses, mais il « n'entre pas dans le corps ». C'est pour lui « le meilleur des métiers. Le seul pour lequel il se sente compétent. Après tout, il donne une sorte d'amour ».
« Un garçon, ça ne pleure pas pour rien, ça s'impose et se défend, ça ne se préoccupe pas des habits, des tissus, ça
ne fait pas une affaire de son apparence. Et surtout, un garçon ne reste pas dans les jupes. »