La coupe du monde de rugby approche. Je l'attends comme un nouveau combat à l'issue aussi incertaine que tous ceux menés jusqu'alors. Je la conçois surtout comme un nouveau cadeau que m'offre le rugby.
Si j'ai écrit ces lignes, c'est d'abord pour honorer le sport qui m'a formé. Mon livre est avant tout un hymne au ballon ovale dont la trajectoire capricieuse a modelé ma vie. Il est fait du souvenir des amitiés rudes mais sincères rencontrées sur les terrains. Il est une prière à Dieu qui m'a façonné ce destin privilégié. Il est l'hommage du petit Camerounais qui a débarqué un jour dans un stade de la banlieue parisienne pour apprendre les premiers rudiments du placage, cet art qui me vaut aujourd'hui le respect sur les terrains. Plus tard, mon ambition sportive m'a conduit par hasard au Pays Basque, où j'ai découvert l'amour fou des habitants pour le rugby. J'ai été si bien accueilli que je n'envisage plus de partir. Et un jour on m'a tendu le maillot de l'équipe de France: j'ai pleuré de joie. Sous ce maillot, j'ai vécu bien des tumultes, des déceptions, des colères, des bonheurs.
Yaoundé, Clichy, Biarritz, Twickenham, Soweto, Buenos Aires; les images se bousculent, me mettent la tête à l'envers comme à ces adversaires à qui je fais faire le soleil. Et me laissent ce sentiment d'avoir déjà vécu mille vies grâce au rugby.