Cet ouvrage est une histoire de ce qui fait rêver et de ceux qui font rêver : architectes des Lumières, partisans de la suggestion tels que Turner ou Mallarmé, visionnaires surréalistes, cinéastes du fantastique... Il reconstitue depuis le XVIIIe siècle jusqu'à nos jours la généalogie d'une ambition extraordinaire : trouver les meilleures formules pour stimuler l'imaginaire et inventer un monde enchanté, ce que les saint-simoniens désignent comme un « paradis terrestre », grâce à l'influence de la création sur la psyché. C'est donc aussi une histoire politique car cette quête est sous-tendue par des projets de réforme de la société au potentiel parfois totalitaire. Le fantasme esthétique tourne alors au cauchemar publicitaire et asservissant - au point de rendre la formule «faire rêver» suspecte, sinon dangereuse. Dialogue entre les arts, les idées et les sciences, le présent essai fait écho à des problématiques qui vont bien au-delà de la culture visuelle, traitant aussi bien des développements de l'intime en Occident que des hantises post-humanistes.