La loi de démocratie de proximité, adoptée en février 2002, encourage fortement ou impose, selon les cas, la création de quartiers de démocratie locale. Pour la première fois depuis la Révolution, on choisit de découper un des territoires de la République, en l'occurrence le plus petit, la commune.
Cette loi institue une recomposition territoriale et une redistribution des pouvoirs au sein du système politique local. Le quartier devient un territoire à définir par et pour le gouvernement de la ville, un territoire à construire pour une nouvelle « démocratie de proximité ». La genèse idéologique et juridique, la production territoriale et l'usage socio-politique de ces nouveaux quartiers soulèvent de nombreuses questions, notamment dans l'agglomération parisienne. Ils pourraient favoriser des dynamiques où la commune ne serait plus intouchable, mais aussi créer de nouvelles formes de ségrégation territoriale.
C'est donc l'occasion rare de voir comment une société démocratique construit et utilise ses territoires. La façon dont elle les perçoit, les découpe, les structure, nous apprend beaucoup sur son fonctionnement, ses objectifs, ses rêves, ses limites, ses travers, et peut-être, son devenir. C'est analyser une démocratie au prisme de ses territoires.