Un artiste qui peint les visages qu'il refuse d'oublier. Un fils ayant dénoncé sa mère, la condamnant à être fusillée. Un homme qui conserve les vêtements teintés de sang de son épouse, professeure tuée par ses élèves. Un musée sur la Révolution culturelle bâti dans le sud du pays, très loin de Pékin, dont les portes ferment « exceptionnellement » lorsqu'un visiteur s'approche.
Tels sont les récits qu'a recueillis la journaliste Tania Branigan plus de cinquante ans après la Révolution culturelle, cette décennie de frénésie meurtrière lancée par Mao en 1966. Sensible à la magnitude de cette crise, elle explore avec une profondeur remarquable ses conséquences désastreuses sur la société chinoise et l'esprit des survivants : instabilité fondamentale du monde, effondrement du système de valeurs, et surtout continuité du traumatisme à travers les générations. Des cicatrices que le silence officiel tente d'enfouir dans l'oubli - en vain.
Magistrale leçon de journalisme, ce livre est indispensable à la compréhension de la Chine d'aujourd'hui.