Farceurs, polissons et paillards au Moyen Âge
C'est un Moyen âge surprenant, tourné vers une culture populaire, que décrit ici J.P Leguay à partir de sources narratives, de farces, de miniatures. L'auteur fait revivre de drôles d'individus, farceurs, polissons paillards, la faune des pavés, des tripots, des étuves, de tous les lieux où le peuple aime se distraire. Le récit, très vivant, rabelaisien même, évoque la grivoiserie des individus, de toute condition, clercs, nobles et bourgeois aisés, des hommes et des femmes, célibataires ou mariés, libérés des repères de la morale chrétienne, de l'éducation familiale et des interdits du temps.
Citadins et ruraux s'adonnent tantôt à un rire multiforme qui n'est pas dénué de subtilité, tantôt à des plaisanteries d'un goût douteux que restituent, sans vergogne, les poèmes ou les récits d'écrivains licencieux, les blagues d'étudiants en goguette, les exploits de joyeux drilles, livrés à eux-mêmes, un jour de carnaval, une nuit de charivari. Leurs victimes sont de préférence des femmes, épouses ou filles de joie, des clercs lubriques, des « folastres ou lunatiques », et d'autres qui se vengent quelquefois.
Tout est dit, en termes souvent crus, dans un livre où les « subtilités de language » rencontrent volontiers des gaudrioles tournées vers le sexe et l'excrément. Les « péchés de langue », les gros mots, les gestes obscènes concernent autant la « maire et principale partie des borjois », leurs épouses émoustillées, que le « commun peuple », les clochards, les vauriens. L'excès conduit pourtant à la dénonciation , à la condamnation, à la répression.