« Au Moyen Âge, les “fatrasies” – comme les “fatras” – étaient des poèmes en vers rigidement codifiés dans la forme, par opposition avec le fond, volontiers plus libre. Après des siècles de perdition dans les oubliettes de la littérature, elles ont connu au XXe siècle une renaissance “dilettantesque” revendiquée par les surréalistes d'abord, puis consacrée par Jacques Prévert dans son inclassable Fatras en 1966. Faisant fi des contraintes poétiques, elles privilégient les folâtres vagabondages entre le non-sens cher à l'humour anglais, les divagations oulipiennes et les loufoqueries en tous genres de tous les humoristes plus ou moins patentés. Dans cette auberge espagnole ouverte à tous les vents, chacun peut “apporter son manger”, et même un peu de poésie si le cœur lui chante, comme ont su le faire sans se forcer un Georges Brassens ou un Bobby Lapointe. Les médias ne s'y sont pas trompés, à commencer par la presse écrite, qui a laissé libre cours à quelques fantaisistes affûtés, comme Alexandre Vialatte et, plus tard, à son disciple Pierre Desproges. C'est dans cette veine que s'inscrit le présent opus où une chatte n'y retrouverait pas ses petits. » De chroniques fantaisistes en poèmes décalés, ces Fatrasies en si bémol majeur livrent le chant de l'humour avec un plaisir contagieux. Amour des mots, comique de situation, penchant pour l'absurde, le recueil de Jacques Rouvière, riche en références et clins d'œil, est traversé d'un vent de folie rafraîchissant.