« Qu'est-ce donc pour nous que la poésie - cri, prière, acte magique ? Qu'importe ! Que celui pour lequel elle est un cri, crie ! Qu'il prie, celui pour lequel elle est prière ! Et qu'il se fasse sorcier, voyant, ou prophète, celui qui y voit un acte magique ! Mais avant tout, que le poète ose ! Qu'il descende des catégories de sa pensée dans les catégories de sa propre vie. »
Publié en 1938, cet essai, dont le titre souligne d'emblée la portée radicale, est destiné à défendre la cause de la poésie que Benjamin Fondane juge menacée du moment que les poètes eux-mêmes manifestent une « conscience honteuse » et sacrifient sur l'autel de la connaissance et du devoir. Toutes les réserves formulées par Fondane - du romantisme allemand aux procédés surréalistes - lui sont dictées par ce constat que l'on accorde plus de prix à l'esprit pur qu'à l'homme de chair et de sang.
En s'opposant aux puissances déréalisantes de la rationalité critique, le poète ne doit-il pas revenir aux sources mêmes d'un monde qui n'a pas livré ses mystères et dont il est témoin parmi les hommes.
L'ouvrage comporte en annexe un ensemble de textes sur la poésie et sur le surréalisme, ainsi qu'une « Lettre ouverte à Antonin Artaud ».