Les critiques féministes de notre temps ne veulent plus entendre parler du phallus, le considérant seulement comme un symbole du pouvoir masculin, malencontreusement promu par la psychanalyse.
Les discours et les lois ont, au long des temps, voulu intégrer le féminin entier dans une grammaire phallique, l'un qui l'a et l'autre qui l'est, à l'aide de logiques fantasmatiques et de femmes mythiques. Freud en a montré le ressort inconscient, masqué derrière les discours chrétiens, mais il a semblé considérer lui aussi que le féminin s'y résumait.
Cette grammaire toute phallique est récusée et rectifiée par Lacan qui constate au contraire qu'elle ne rend pas compte du féminin en son ensemble. Il décrit la logique nouvelle qui divise les femmes entre une position de sujet, massivement intégrée désormais dans les discours, et le choix d'une féminité qui se déploie hors de cette fonction phallique du discours, les deux cohabitant fort bien le plus souvent.
Si les savoirs féministes s'énoncent au nom de toutes les femmes et de toute la femme, les logiques analytiques se choisissent, en partie indépendamment du sexe, entre un tout de l'Homme et un pas tout-des féminités. Déchiffrer ainsi la fonction du phallus la rend progressivement contingente, en la montrant à l'oeuvre dans les deux sexes.