Femme Morte à la théière
aimerait quand elle trempe quelques biscuits ou
croque un carré de chocolat n'être vue de personne
que de ce temps où elle ne travaille pas
de cette halte
personne ne soit témoin
un creux une disparition
« Femme Morte » est son nom, le nom qu elle se donne pour interroger l'évènement terrible de sa jeunesse, le meurtre de sa grande cousine, retrouvée lapidée dans un bois. Comment peut-on s'autoriser un envol quand la vie aimée s'est arrêtée ? Comment fait-on pour jongler avec les mille et une sollicitations du monde extérieur, portant cette part morte en soi ?
En faisant un pas de côté, en pariant sur le retrait, et aussi la nature, Carol Vanni donne à cette violente disparition non pas un sens mais une dimension. Porté par une écriture en fragments proche de l'incantation, le récit chemine vers une forme d'apaisement : séparer le vivant du mort en chacun de nous.