Les femmes n'ont pas toujours été les bienvenues sur les terrains
de l'exploration et de la découverte. Et moins encore s'agissant des
extrêmes polaires. Comment imaginer ces «frêles machines» (Diderot)
résistant à un environnement aussi hostile ? Les exceptions n'en ont
que plus de mérite qui, petit à petit, ont gagné les marges de ces régions
impossibles, souvent au gré de ruses et d'audaces spectaculaires.
De Jeanne Baret, la pionnière des pionnières qui, en 1768, doubla la
Terre de Feu à bord du bateau de Bougainville jusqu'à Louise Boyd
qui, en 1955, survola la banquise arctique à bord d'un DC4, les femmes
des pôles constituent une caste à part, un florilège détonnant où l'on
croise, au mépris des ostracismes et des ségrégations, une touriste
égarée aux confins de la mer de Kara, une Iñupiate abandonnée en
terre de Wrangel, une parturiente inattendue, une infirmière russe,
une médecin française et même la maîtresse de Victor Hugo en
route pour le Spitzberg. Une poignée de destins d'exception qui dit
la curiosité, la clairvoyance et, plus encore, l'originalité de femmes
vraiment singulières.