Confrontées au mythe de la protection masculine, à l'importance du réseau familial dans les difficiles conditions de la vie dans les camps, et à la fonction politique de la famille en Jordanie, les femmes se sont appuyées sur les valeurs familiales traditionnelles pour écrire leurs histoires individuelles, produisant à leur tour une réalité de substitution, une image, celle de la pérennité du pouvoir masculin, tout en le subvertissant.
À partir d'enquêtes sur le terrain menées plus particulièrement dans deux camps palestiniens de Jordanie - celui de Jabal Hussein à Amman et celui de Gaza à Jérash -, et de l'histoire d'une famille (les Suleiman), Stéphanie Latte Abdallah montre comment l'histoire de l'exil et la place des réfugiés dans la société jordanienne ont construit une « idéologie familiale », contestée par les femmes réfugiées, et comment les résistances, individuelles et collectives de ces femmes au pouvoir familial sont à certains égards avant-gardistes.
Autour de la notion de féminisme populaire, c'est une histoire politique et sociale de la famille dans les camps palestiniens de Jordanie depuis 1948 qui fait l'objet de ce livre.