L'intérêt de ce troisième et dernier volet de la grande enquête exégétique
d'Irmtraud Fischer sur les femmes de la Bible est double.
L'auteure continue de montrer qu'une lecture non discriminante de
la Bible est possible - une lecture qui prenne véritablement en
compte la présence des deux sexes -, mais elle ouvre aussi des
perspectives nouvelles sur l'articulation du corpus biblique en
renouant avec la vision tripartite de la Bible hébraïque. Ce qui
n'est pas sans importance pour la compréhension même de l'univers
biblique, structuré par la Loi, son actualisation prophétique
dans les situations de l'histoire, son application pratique dans les
situations concrètes - cette dernière perspective définissant la
thématique de la sagesse. Et cette thématique de la sagesse
parcourt l'ensemble du corpus biblique.
Le rôle joué par des femmes, figures de sagesse, ne se cantonne
pas à la sphère domestique voire à l'éducation. Beaucoup ont
exercé un rôle déterminant de conseil dans les affaires de la vie
publique, dans les décisions politiques. On connaît la reine de
Saba, Esther, Judith, la femme de Job..., mais il est bon aussi de
s'attarder sur le rôle joué par Abigayil qui annonce l'ascension de
David, la femme diplomate de Téqoa qui accomplit une difficile
mission de réconciliation (2 Samuel 14), la femme qui dénoue la
crise mortelle d'une ville assiégée (2 Samuel 20)... On connaît
aussi la femme «capable» de Proverbes 31, mais a-t-on bien lu le
texte et n'est-elle qu'une «parfaite maîtresse de maison» ?