Prose décisive et sommet d'étrangeté de l'œuvre de Louis Zukofsky, Ferdinand est le portrait d'un déraciné permanent voyant l'histoire se dérouler sans lui, d'un individu qui souffre d'avoir quitté les êtres chers de son enfance et d'avoir ressenti ne jamais maîtriser son destin et ce, jusqu'à cette forme d'émancipation que constitue le départ pour l'étranger. Temps crucial du récit et nerf le plus vif de l'intrigue, le voyage sera l'occasion de rencontres qui seront autant de mises à l'épreuve pour Ferdinand. Ses divers tourments ne se résoudront que par cet axiome devant donner sens à sa vie à venir : « prendre soin des siens » - et cela au milieu des plus graves troubles historiques. Cet atypique roman, mettant en jeu la trajectoire d'un sujet ballotté, peut se lire aussi comme le récit indéfiniment relancé d'un rêve éveillé.