Les Goolrick étaient des princes. Et tout le monde voulait
leur ressembler.
C'étaient les années 50, les femmes se faisaient des coiffures
sophistiquées, elles portaient des robes de taffetas ou de soie,
des gants et des chapeaux, et elles avaient de l'esprit.
Les hommes préparaient des cocktails, des Gimlet, des Manhattan,
des Gibson, des Singapore Sling, c'était la seule chose
qu'ils prenaient au sérieux. Dans cette petite ville de Virginie,
on avait vraiment de la classe, d'ailleurs on trouvait son style
en lisant le New Yorker.
Chez les Goolrick, il y avait trois enfants, tous brillants. Et une
seule loi : on ne parle jamais à l'extérieur de ce qui se passe à la
maison. À la maison, il y avait des secrets. Les Goolrick étaient
féroces.