À la croisée de l'histoire et de l'histoire de l'art, cet ouvrage analyse,
à travers le cas de Fès, l'ensemble des mécanismes de fabrication
d'une ville nouvelle et ceux de son corollaire - la transformation
d'une ville ancienne -, sous le Protectorat français au Maroc (1912-1956).
Il met ainsi en lumière les distorsions entre l'idéal urbain,
théorisé a posteriori par le résident général Louis-Hubert Lyautey et
sa kyrielle de collaborateurs, et la réalité finalement sortie de terre.
Ce travail, basé sur des sources archivistiques dispersées
de part et d'autre de la Méditerranée et dont certaines sont
inédites, s'intéresse autant aux doctrines qui sous-tendent
les transformations de la ville, aux protagonistes qui participent
à ces changements, qu'au contexte dans lequel ils interviennent.
L'auteur met ainsi en évidence qu'une ville nouvelle édifiée
en contexte colonial est loin d'être la simple matérialisation
d'une doctrine politique, ni une ville construite par et pour
les Européens. Elle montre qu'au contraire, elle est l'oeuvre
de tout un système d'acteurs pluriels - administration, colons
mais aussi élite locale -, le résultat d'accointances, d'accords,
de désaccords et surtout de compromis, autant qu'elle est le fruit
des circonstances, de contingences géographiques, politiques,
sociales ou encore économiques, et même de hasards.