J'aime faire l'amour avec des femmes mûres. Cela doit me venir de ma
tante, la soeur jumelle de ma mère, qui m'a dépucelé. Dans la grange où
nous nous retrouvions, elle criait fort le nom d'Allah au moment de jouir.
Ensuite j'ai connu d'autres femmes. Toutes m'ont apporté des choses.
L'alcool, le tabac, les livres des roumis. En plus du sexe. Je crois que je les
aimais autant qu'il est possible d'aimer Allah lui-même. Mais ce n'était
pas du goût de tous. L'Algérie venait d'obtenir l'indépendance et, arrivés
d'Égypte ou de Palestine, les Frères musulmans devenaient de plus en
plus influents.
Un jour il faudrait que je m'amende.
Bâti en spirale et écrit dans un style incantatoire et sensuel, Festin de
mensonges est un récit d'apprentissage d'un genre nouveau, trouble,
déroutant, où les tiraillements et les retours en arrière ont la part plus
belle que les certitudes. Il raconte la gageure de grandir pour un adolescent
d'Algérie qui lit Les fleurs du mal en cachette mais connaît le Coran
par coeur, et qui aime les femmes avec cette sorte de piété qui n'est réservée
qu'à Dieu.