Comment rendre compte des déplacements du concept de fétichisme aux marges de la philosophie - de l'histoire des religions à l'anthropologie, à la sexologie et à la théorie de la valeur-marchandise ? Et comment expliquer que ces migrations aient un parallèle attesté dans l'imaginaire romanesque ?
Ce livre tente d'apporter des réponses à ces questionnements qui intéressent à la fois la philosophie, la littérature et les sciences humaines. Laurent Fedi appuie ses analyses sur une construction issue d'un dialogue théorique avec Panofsky, Lukacs, Benjamin, Foucault, Michel Serres. Il étudie selon une méthode originale les représentations du fétichisme dans ce qui fut peut-être leur lieu d'élaboration privilégié : le champ culturel français de Charles de Brosses à Marcel Mauss, jalonné par des penseurs comme Benjamin Constant, Comte, Renouvier, Binet, Durkheim, Lévy-Bruhl, et par des écrivains comme Restif de La Bretonne, Chateaubriand, Balzac, Maupassant, Jules Verne, Pierre Loti.
Ce livre de philosophie plutôt que d'érudition est un coup de sonde dans la protohistoire des sciences de l'homme, une analyse des illusions d'un savoir en excès qui verse dans l'imaginaire. C'est aussi un essai pour faire parler la littérature, et pour élaborer une théorie épistémologique des représentations culturelles concrètes.