Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler renverse les tables de la politique allemande et accède à la Chancellerie. Dans les jours qui suivent, les journalistes, écrivains et intellectuels qui quelques heures plus tôt se bousculaient au bal de la Presse - l'événement mondain de l'hiver à Berlin - doivent choisir. Chacun d'entre eux, dès le 1er février, se demande s'il est sur une liste, en tant que juif, communiste, homosexuel ou intellectuel engagé. Car l'étau se resserre très vite, les arrestations et les violences se multiplient. Faut-il partir immédiatement ? Agir, ou attendre ? Résister, ou essayer de trouver sa place dans cette nouvelle Allemagne qui se prépare ? Ils s'appellent Thomas, Heinrich, Klaus et Erika Mann, Bertolt Brecht, Erich Maria Remarque, Alfred Döblin. Ou encore Carl Zuckmayer, Else Lasker-Schüler, Gottfried Benn. Certains prennent la route de l'exil en se précipitant dans le premier train pour Paris ou Prague. D'autres choisissent la lutte politique, croient encore aux élections libres. D'autres encore pensent que tout cela ne durera pas et qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter.
Tous sont pris dans leurs contraintes quotidiennes. Des projets de mise en scène ou de publication, des ambitions, des histoires d'amour clandestines et des obligations familiales... sans oublier une épidémie de grippe sévère.
Uwe Wittstock dépeint ce mois de février 1933 comme une pièce tragique. Jour après jour, il restitue l'ambiance de tout un pays, en racontant comment la République de Weimar a basculé dans le IIIe Reich. Et nous rappelle la fragilité de nos démocraties.