Le corps de Donald Trump est presque partout, hors de nous, sur nos écrans, pris dans des canaux d'information qui en disséminent sans discontinuité les images fixes et animées. Il est aussi présent en nous, de manière plus ou moins flottante, dans l'esprit de ses détracteurs comme de ses partisans.
Le 45e président des États-Unis d'Amérique n'est toutefois pas l'unique sujet des Fictions de Trump. À partir de ses innombrables représentations audiovisuelles, avant comme après son élection (interviews télévisées, spots publicitaires, émissions de télé-réalité...), il s'agit ici d'explorer la fonction des images dans l'exercice du pouvoir aujourd'hui, les histoires qu'elles racontent comme les discours qu'elles conditionnent. Si Trump réhabilite la figure du « monstre politique », née à la fin du XVIIIe en France, il renouvelle aussi les stratégies d'« érotisation du pouvoir » définies par Michel Foucault, comme avait pu le faire, par exemple, Silvio Berlusconi au début des années 2000.
Deux questions parcourent cet essai : quel est cet étrange amour pour le pouvoir, véhiculé par les images d'un dirigeant autoritaire, auquel adhèrent des individus qui n'ont pourtant aucun intérêt à voter pour lui ? Quels contre-feux filmiques, réels ou imaginés, sont susceptibles de mobiliser les puissances des images pour se soustraire à ce pouvoir, voire pour le contrarier ?