Dans un temps où la figure de l'enfant fait l'objet de nombreuses captures fantasmatiques, comment repenser la notion de filiation ? La thèse de cet ouvrage est que le mot « fils » est une définition de notre propre humanité. La filialité, en son sens profond, signifie la nécessité de reconnaître une « précédence », c'est-à-dire le fait que nul ne peut se situer à l'origine de lui-même. C'est pourquoi l'obsession contemporaine d'un individu qui pourrait s'auto-fonder est justement à comprendre comme une haine, souvent masquée, de la filiation. Une telle haine trouve de multiples expressions, notamment le désir que le « fils » ne soit pas le nom de la nouveauté, mais seulement une perpétuation de ce qui a été. Revisiter quelques grands lieux de la pensée permet sans doute le recul nécessaire pour affronter les questions d'aujourd'hui. C'est ce qui donne forme au parcours proposé : le mythe freudien de Totem et tabou, le récit de la tour de Babel et l'histoire du patriarche Abraham, l'émergence de Dieu sous la figure du Fils dans le christianisme, l'articulation d'une fraternité et d'une filialité, une relecture de l'affirmation de Jacques Lacan selon lequel il n'y a pas de rapport sexuel et ses effets sur une pensée de la filiation.