« La chair a dans ce pays une ampleur démesurée, alourdie par les échos bruissants des frères, des soeurs et des interdits qui rôdent autour de la grande cour, ouverte sur des seuils ardents... Pierre se dit qu'il n'a pas connu le quart de la volupté qu'il est en train d'éprouver, cette tension extrême des sens que je connais moi, car je sais, oui, je sais cette atmosphère dans laquelle baigna mon enfance, cette sensation d'irritation permanente que mon corps - tout entier sexuel à force d'érotismes - subissait comme ces femmes me caressant... ravivant en moi la lame froide qui trancha net le lien avec Pierre, mon père. »
Deux images se superposent dans ce roman. Deux figures d'homme aux destins semblables et différents, unis par les liens du sang, par la quête des traces de l'origine, la quête obstinée, obsédante, du père.
Avec une subtilité jamais mise en défaut et un talent incontestable, Karima Berger nous fait entrer dans un univers où s'affrontent, parfois violemment, deux mondes au centre desquels se déploie la présence lumineuse de Nadj, la femme par qui tout arrive.