Fils d'Ariane
Villebramar, auteur français d'origine catalane, se qualifiait lui-même dans son précédent recueil, Terre Promise, comme le poète de deux cultures. Avec Fils d'Ariane (au pluriel !), faisant un pas de plus, il nous conduit dans un univers poétique où les barrières de la langue auraient été, sinon effacées, du moins surmontées par celles et ceux d'entre nous « qui parlent avec la voix du coeur ». Le premier poème du recueil commence ainsi par une citation d'Hilde Domin : « Du hast ailes fortgehen lassen was dir gehörte. Auch die Erwartung. », suivie par sa traduction en français.
Aux fils des poèmes (!), souvent précédés de citations, Villebramar nous fait découvrir, ou redécouvrir des « Poètes et poétesses des cinq continents » chers à son coeur, entre autres (la liste n'est pas exhaustive) : María Mercedes Carranza, Hilde Domin, Forough Farrokhzad, Ioan Es. Pop, Angela Marinescu, Edgar Poe, et bien sûr Lorca, le grand, le très grand Lorca tant aimé et admiré.
Dans ces dialogues qui se jouent des frontières linguistiques, Villebramar laisse s'exprimer la diversité de l'inspiration, la jeunesse et la fantaisie, qui sont sa voix, avec de très beaux moments d'une sombre gravité. Cette gravité d'un siècle qui l'a vu naître, et qui a permis que coexistent, à l'instant même de sa mort, la poésie de Lorca, et la barbarie de ses bourreaux.