Avec les attentats du 11 septembre 2001, Ben Laden et
son mentor le docteur Zawahiri visaient à galvaniser leurs
partisans et à faire triompher l'islamisme radical dans le
monde entier. À Washington, l'influent lobby néoconservateur
repensait les intérêts stratégiques traditionnels des
États-Unis au Moyen-Orient, la sécurité simultanée de l'État
d'Israël et des approvisionnements pétroliers. Mêlant désormais
aspirations démocratiques et réaffirmations hégémoniques,
la «guerre contre la terreur» ouvrit en définitive la
boîte de Pandore dans l'Irak occupé, précipitant la politique
américaine et surtout le monde musulman dans l'impasse.
Le chaos met aujourd'hui en péril le Moyen-Orient, menace
ses lieux saints et déchire le tissu social : c'est la hantise
séculaire des oulémas, docteurs de la Loi - ils l'appellent
fitna, la guerre au coeur de l'islam.
Mais c'est en Europe, parmi les millions de musulmans qui
y vivent désormais, que se joue la bataille pour l'évolution
de l'islam - elle oppose la régression communautaire et la
fusion avec la modernité. L'islam d'Europe est aujourd'hui
à l'avant-garde de ce combat, le modèle sur lequel sont
fixés les yeux des musulmans du monde qui aspirent à vivre
libérés des régimes autoritaires comme des fantasmes sanglants
des jihadistes.