Ce n'est que très récemment que le grand poète, éminent ministre et mandarin des empereurs Song, Su Shi (1037-1101), plus connu sous le nom de Su Dongpo (« Exilé, ou Ermite, de la Pente de l'Est »), fit une entrée remarquable dans le public cultivé français grâce au beau et émouvant livre de Claude Roy dont le titre est déjà tout un programme philosophique, du moins une ouverture : L'ami qui venait de l'an mil (Gallimard 1994). « Ouverture » disons-nous, car comment un contemporain de Robert le Pieux ou de Guillaume le Conquérant peut-il être un « ami » pour un Français du XXe siècle, alors que ceux-ci s'expriment dans la langue devenue pour celui-là peu compréhensible de la geste peu lisible de la Chanson de Roland (1090) ?