Comment rendre compte des normes relatives à la propriété, à
l'action individuelle et à la vie familiale et sociopolitique ? Pour
Hegel, elles résultent toutes d'un même effort, celui du sujet spirituel
qui tend à s'incarner dans le monde. Selon lui, la normativité ne
répond ni à un commandement transcendant, ni à un «ordre des
choses» toujours déjà fixé, mais au processus d'auto-développement
de la subjectivité s'investissant dans le réel extérieur pour concrétiser
sa liberté.
Toutefois, parce que le monde reste irrémédiablement étranger à
l'esprit, celui-ci n'en prend possession que de manière incomplète et
précaire. Il se rapporte alors à lui sur le mode du «devoir-être»,
c'est-à-dire d'obligations pouvant être transgressées et de droits
pouvant être contestés. Le présent ouvrage met en évidence l'ambivalence
de la pensée hégélienne des normes, qui insiste sur leur
validité et leur caractère libérateur, mais aussi sur leur inachèvement
et leur vulnérabilité.