Seule une compréhension approfondie du capitalisme peut nous engager efficacement vers son abolition. Comment produire des analyses concrètes de l'empirie sans verser dans le positivisme des faits ? En quoi la dialectique permet-elle d'appréhender la réalité sociale, ses interactions complexes, ses transformations et ses problèmes d'aujourd'hui ?
Roswitha Scholz renouvelle l'analyse dialectique de la société capitaliste-patriarcale par une définition épistémologique de la critique de la valeur-dissociation, non pas au sens d'une « méthode » abstraite et extérieure, qui est celle de la compréhension scientifique ordinaire, mais comme unité de la critique de la connaissance et de la société. Elle reprend la notion de « totalité concrète » avancée de Georg Lukács à Moishe Postone en passant par Theodor Adorno et défend l'idée que les niveaux d'analyse concrets et empiriques ne peuvent pas être subordonnés hiérarchiquement au concept, bien qu'ils ne puissent non plus lui être opposés. Reprochant aux démarches de John Holloway, Antonio Negri, Alain Badiou ou Silvia Federici de succomber diversement à une « fausse immédiateté », elle propose de retrouver le sens d'un « réalisme dialectique » qui a disparu aujourd'hui des discours de gauche.