Les chiffres actuels sur l’état de la démocratie dans le monde3attestent que nous ne devons pas nous contenter de formuler des recommandations mais prendre des mesures concrètes pour agir. Toute action devrait toujours commencer par l’analyse des libertés et des droits existants et garantis, à la fois à l’échelle nationale et internationale. Le droit à la liberté d’association et de réunion, le droit à la liberté d’expression et de participation, et la liberté de circulation sont essentiels à la démocratie et ne sont pas nouveaux car ils sont protégés depuis des décennies par les instruments juridiques nationaux et internationaux. Dans un régime démocratique, l’espace public se caractérise par sa diversité. À travers leur participation, les citoyens se sentent non seulement destinataires du droit, mais aussi auteurs de ce droit. L’espace public est donc pour les travailleurs sociaux un espace où se manifestera leur agir professionnel et citoyen et où collectivement ils tenteront de mobiliser l’opinion, feront surgir les débats, contesteront une réalité sociale qui entrave les droits fondamentaux et émettront des propositions d’un nouvel ordre social.
Les questions que nous devons nous poser : comment les travailleurs sociaux en tant que collectif(s) se positionnent-ils face à ces enjeux ? Comment se saisissent-ils de la crise pour opérer le changement visant à renforcer la justice sociale ? Souhaitent-ils être acteurs politiques du changement qui s’opère ou au contraire, souhaitent-il être spectateur ? Quels espaces de réflexions sont créés pour répondre à ces questions ? Robert Castel décrivait déjà en 1977 que la transformation de l’ensemble des éléments d’un système, le passage à une autre cohérence et l’expression d’une autre politique ne peuvent pas être interprétés à partir de la restructuration interne du dispositif et encore moins à partir de celui-ci. Cette interprétation nécessite donc une certaine position d’extériorité, aussi essentielle qu’elle peut paraitre à n’importe quel acteur social souhaitant analyser ses propres contraintes.
Ce n° de Forum est coordonné par Anna Rurka et Dominique Paturel.