Fraises
De petites miettes de terre restaient collées aux fraises, que vous ne voyiez pas à l'oeil nu et enfourniez donc dans votre bouche. Elles craquaient sous la dent, mais le jus qui se dégageait du fruit balayait cette terre, et la chair tendre flattait le palais. Tout le monde ramassait des fraises bien que ce fût interdit. Quand survenait le garde forestier, il confisquait aux femmes leurs pots, répandait les belles fraises rouges et les écrasait. Mais que pouvait-il nous faire à nous qui mangions les fraises sur-le-champ ? [...]
Les journaux nous arrivaient tard. Le train ne s'arrêtait que trois fois par semaine dans notre gare. Il apportait quelques commis voyageurs, des marchands de houblon qui faisaient affaire dans notre coin. Nombre de gens vivaient du commerce du houblon. Les cochers par exemple. Ils menaient les étrangers aux villages, sur les domaines. Mon père fut cocher.
Il s'appelait Mânes Kroj.