Cinquante ans après la mort de Picabia (1879-1953), son art fait l'objet d'une large reconnaissance, dont témoigne, par exemple, la rétrospective présentée au Musée d'art moderne de la ville de Paris en 2003.
Mais peut-être sait-on moins que l'artiste eut également recours aux moyens de la poésie, notamment lors de sa période Dada. Nombre de ses poèmes, mais aussi des pensées, des manifestes, furent repris dans des recueils, voire dans de minces plaquettes à tirages confidentiels, dispersés et introuvables jusqu'à ce que Michel Sanouillet les rassemble, en 1960, chez Belfond-Losfeld. Six ans plus tard, Pierre de Massot, poète lui-même et ami de quarante ans de Picabia, lui consacra une monographie dans les «Poètes d'aujourd'hui», avec un choix de textes important, une bibliographie et une iconographie.
Aujourd'hui, ce volume reste une introduction indispensable à la lecture de l'écrivain. Il confirme l'opinion d'André Breton : «Picabia demeure le maître de la surprise, de cette surprise qu'Apollinaire tint pour le "grand ressort nouveau".»