François Guizot (1787-1874) est le plus souvent oublié, quand il n'est pas attaqué. Les raisons : une citation tronquée - « Enrichissez-vous » - ; ses années au service d'un régime trop longtemps décrié - la monarchie de Juillet - ; un pacifisme conjugué avec une anglophilie assumée dans une « Grande Nation » jacobine élevée dans le culte de la gloire par Napoléon ; enfin, un protestantisme ouvert mais engagé dans un pays « catholique d'abord ». Et pourtant, Guizot fut à la fois un des plus grands historiens de son temps, un immense essayiste et mémorialiste, un grand ministre de l'Instruction publique, le promoteur de la première loi régulant le travail des enfants et le vrai fondateur de « l'Entente cordiale ». En bref, un homme d'État doublé d'un intellectuel d'envergure qui tenta de concilier l'ordre et la liberté dans le cadre d'une monarchie moderne reposant sur l'équilibre des pouvoirs et la méritocratie. Laurent Theis restitue cette vie, ou plutôt ces vies, dans une biographie exemplaire où, fidèle à son modèle, l'écriture s'élève à la hauteur de la pensée.