Free ride
Skateboard, mécanique galiléenne et formes simples
Contrairement à la plus grande partie des terrains de jeux ou de sports, les différents espaces fabriqués pour le skateboard ne sont jamais abstraits. La majorité des skateparks actuels, avec leurs mélanges de courbes, de plans inclinés et de volumes parallélépipédiques, synthétisent l'espace d'origine du skateboard, l'océan, et son lieu de naissance, la ville moderne. Accompagné de nombreux documents photographiques, ce texte est une visite guidée des espaces du skateboard. L'auteur en dresse une sorte de typologie formelle tout en constituant son archéologie, des appareils de mécanique galiléenne à l'histoire de la sculpture minimaliste dont les skateurs seraient les héritiers.
« Depuis une dizaine d'années, je remarque avec stupéfaction combien les oeuvres d'art public sont fréquemment documentées dans les magazines et les vidéos de skate. Les skateurs les utilisent comme support de leurs figures.
Les passants, le public, la critique et l'histoire de l'art jugent les oeuvres selon des critères esthétiques et conceptuels (la beauté d'une forme ou l'intérêt d'une idée). Ceux des skateurs sont mécaniques : tout l'intérêt d'une sculpture dans l'espace public tient à la variété des mouvements qu'elle suggère.
Plus irrévérencieuse que vandale, cette pratique de l'oeuvre d'art souligne le dynamisme explicite de tout un pan de la sculpture moderne. Sur des sculptures le plus souvent abstraites et géométriques, les skateurs rendent effective l'idée de mouvement littéralement mise en oeuvre par les artistes. »
Raphaël Zarka