Jeune chirurgien, Yves Ternon se voit demander par la fédération de France du FLN d'opérer les blessés algériens de la guerre triangulaire que se livrent OAS, gaullistes et indépendantistes. Cette irruption tragique de l'Histoire dans son quotidien va déterminer son engagement pour la justice et les droits de l'homme, mais aussi sa volonté d'établir la vérité des faits.
Dès 1965, il entame des recherches qui le conduisent à publier trois livres sur les crimes des médecins nazis. L'étude de la Shoah, par une série de hasards, l'amène à découvrir que les Arméniens de l'Empire ottoman, en 1915, furent eux aussi victimes d'un génocide oublié, auquel il s'intéresse au moment même où des voix s'élèvent contre sa négation par le gouvernement turc.
Conduit sur près de quarante ans, son travail lui permettra de rapprocher les deux événements, mais aussi de proposer une définition juridique universelle de la notion de génocide. Celui des Tutsi au Rwanda, en 1994, viendra confirmer l'importance d'une telle approche comparée.
À l'heure où la France commémore officiellement le génocide arménien, les mémoires d'Yves Ternon, guidé par les impératifs de liberté, d'égalité et de fraternité, sont un plaidoyer contre la haine raciale et le négationnisme.