Le rêve de l'Europe supra-étatique va-t-il se briser sur la question nationale ? En Catalogne, en Écosse, en Corse et au Pays basque, des peuples affirment leur droit à vivre un destin que la mondialisation capitaliste ne peut pas satisfaire. Plus à l'est, notamment en Ukraine et dans l'ex-Yougoslavie, la même question ébranle les dominations.
Si le néolibéralisme unificateur bute sur ce renouveau de la question du droit des nations à disposer d'elles-mêmes, la gauche, radicale ou non, semble en peine pour offrir ses solutions. Circonstances qui ajoutent à la complexité de la question, toutes ces expressions nationalitaires ne sont pas portées par une vision émancipatrice.
Pourtant, dès son essor, le mouvement ouvrier s'est emparé de cette question, notamment à la suite du Printemps des peuples de 1848. Parmi les principaux acteurs de la scène politique de l'époque, Friedrich Engels s'attache plus particulièrement à analyser la question nationale et produit le déconcertant concept de peuples « sans histoire », lesquels « n'ont pas été capables de constituer des États et n'ont plus suffisamment de force pour conquérir leur indépendance nationale » qu'il oppose aux nations « révolutionnaires ».
C'est cette thèse que réfute Roman Rosdolsky dans cet ouvrage resté inédit en français.