«J'ai tardé à le reconnaître ou, plutôt, à le redécouvrir : la
part la plus fascinante du réel ne serait-elle pas l'horizon qu'il
nous propose ? [...] Et si jamais l'on commet l'imprudence de
trop s'en approcher, tout aussitôt il se dérobe, se dissipe. Car
l'horizon n'est nullement un territoire à conquérir, tout juste
une ligne immatérielle de partage.
Partage entre terre et ciel, bien sûr. Mais, tout autant,
entre ici et ailleurs... sinon entre ailleurs et nulle part...
Cependant il m'aura fallu plus longtemps encore pour
pressentir qu'il puisse exister d'autres lignes de rupture sinuant,
cette fois, non plus dans l'espace mais dans le Temps.
Et aussi, parfois, à l'intérieur de soi-même.
Ce sont surtout celles-là qu'au fil de ces pages j'ai appelées
frontalières.»