Fugues
S'il existe plusieurs chemins pour se rendre en poésie, il y a aussi différents moyens d'aborder l'art de la fugue. Dans ce texte qui pourrait être une ode à la joie, un carnet de voyages intérieurs ou une composition de Jean-Sébastien Bach, les fugues sont construites comme le genre musical du même nom, sur le principe du contrepoint : des thèmes se poursuivent, se répètent et se répondent sans jamais parvenir à se rattraper, pour former un récit mélodieux qui intègre toutefois la dissonance, nous aspire et nous entraîne comme dans un tube, celui d'une vague, pas d'une chanson (quoi que).
Celle dont se révèlent peu à peu les contours est avant tout une voix, l'écho d'une pensée qui décortique un quotidien auquel la narratrice tente d'échapper tout en jouant à s'en emparer. Le fruit de ses observations donne lieu à un recueil de chroniques insolites, des paroles qu'elle murmure parfois à notre oreille, avec douceur, malice et subtilité, où qui nous parviennent comme hurlées depuis la pièce d'à côté, avec une fougue et une insolence pleinement assumées.
Dans ce journal d'une femme de notre temps, qui travaille, vit dans une maison, aime un homme dont on devine la présence, élève des enfants, fait pousser des légumes tout en se cultivant elle-même, on y croise les réminiscences d'une enfance qui pourrait être la nôtre, des personnages de films ou de romans, des animaux domestiques et d'autres sauvages, des paroles de chansons, des recettes de cuisine exotique, des formules en latin, des notions de psychanalyse qui tournent autour du père, du lapsus et de la langue, des rêves de cathédrale, de plage enneigée et de jus de citron...