Dans un avenir pas si lointain... l'humanité a su manipuler son génome pour stopper le processus de vieillissement et jouir ainsi d'une forme d'immortalité.
L'Europe, devenue une gigapole hérissée de gratte-ciel où s'entasse l'ensemble de la population, fait figure d'utopie car la vie y est sacrée et la politique de contrôle démographique raisonnée.
La loi du Choix prône que tout couple qui souhaite avoir un enfant doit déclarer la grossesse à l'État et désigner le parent qui devra accepter l'injection d'un accélérateur métabolique, lequel provoquera son décès à plus ou moins brève échéance.
Une mort pour une vie, c'est le prix de l'État providence européen.
Matricule 717 est un membre de la Phalange qui débusque les contrevenants. Il vit dans un cube miteux de deux mètres d'arête et se contente du boulot de bras droit d'un commandant de groupe d'intervention. Un jour, pourtant, le destin semble lui sourire quand un sénateur lui propose un travail en sous-main : éliminer un activiste du parti de la Vie, farouche opposant à la loi du Choix et au parti de l'Immortalité, qui menace de briser un statu quo séculaire.
Dmitry Glukhovsky, voix critique de la Russie contemporaine, nous livre en plan large une vision de l'Europe, de l'avenir, de l'humanité. Il nous dit aussi ce que c'est qu'être père. La conduite du récit est irréprochable, et la lente mise au point jusqu'à la netteté absolue du dernier chapitre est digne des plus grands thrillers.
C'est la génération la plus intéressante. Ses représentants ne sont ni soviétiques, ni antisoviétiques, ni postmodernes, mais écrivains tout court. Dmitry Glukhovsky, journaliste polyglotte de 37 ans, fait partie de cette génération décomplexée.
L'Express, Marianne Payot