G. de Humboldt, surtout connu pour ses travaux de linguiste, a également fait œuvre fondatrice dans le champ de la science historique, en un texte programmatique, La tâche de l’historien. La force et la singularité de l’analyse qu’il développe apparaissent quand on confronte, à la version achevée de 1821, deux fragments sur l’Histoire mondiale, où la pensée de Humboldt se cherche encore. La tâche de l’historien est le premier travail théorique conséquent pour arracher la connaissance historique à la philosophie de l’histoire. Cherchant à surmonter les antinomies propres à toute recherche historique (objectivité/subjectivité ; science/art ; déterminisme/liberté), Humboldt élabore une théorie des Idées originale et complexe, qui a marqué toute l’historiographie allemande du xixe siècle. L’Introduction montre comment la réflexion de Humboldt, enracinée dans le criticisme, prolonge la révolution copernicienne en jetant les bases d’une conception critique de l’histoire, à égale distance du rationalisme absolu et du positivisme. Les Notes guident la lecture de textes ardus et souvent elliptiques en relevant les parallèles et les renvois, et soulignent quelques difficultés d’interprétation.