Le cyberespace couvre trois couches : physique (les matériels),
logique (les logiciels) et sémantique (l'information qui circule dans
le cyberespace). Les études sur la cyberconflictualité se concentrent
le pus souvent sur la couche logique. Or, la couche sémantique,
absolument déterminante, constitue l'objectif final de bien des
cyberagressions.
Malgré les points communs, on ne peut réduire l'action dans
la couche sémantique à la guerre de l'information ou à la communication
stratégique : une cyberstratégie se dirige en premier
lieu contre l'adversaire, même si cette action peut passer aussi
par le public. Elle n'est pas non plus une simple subversion : la
majorité des cyberagressions (le livre est fondé sur l'analyse d'une
quarantaine de cas) combine des actions dans les trois couches et
sont composites (espionnage, sabotage et subversion).
Gagner le cyberconflit suppose bien sûr des calculs et des computations
dans la couche logique. Mais il n'est pas un virus, pas
un ver, pas un maliciel, aussi évolué soit-il, qui n'atteigne son but
si la dimension sémantique a été omise du calcul stratégique.