Djamaluddin Kemirov a fait toutes les guerres récentes du
Caucase. Il a guerroyé en Abkhazie aux côtés des Tchétchènes
mais les a combattus quand ils ont envahi ses terres :
l'Avarie-Dargo-Nord, petite république subordonnée à l'autorité
fédérale de Moscou. Et lorsque des terroristes ont provoqué
un bain de sang dans une maternité de sa ville, il
a fait le serment de les retrouver tous et de les châtier.
Pourtant il ne représente ni les forces spéciales de l'Intérieur
ni l'autorité fédérale russe. Descendant d'une illustre
lignée caucasienne de khans de Khunzakh, de la tribu
des Avars. Djamaluddin a lui-même l'étoffe d'un khan dans
un climat d'horreur politique et morale où le Kremlin, misant
sur les rivalités interethniques, finance la terreur.
Dans ce deuxième volume de sa Trilogie du Caucase,
Julia Latynina continue d'explorer la folie d'un univers d'une
noirceur terrifiante, où les personnages se partagent entre
"encore vivants" ou "déjà morts", et où le seul critère de jugement,
éminemment subtil, consiste à mesurer jusqu'à quel
point l'âme de chacun est corrompue par la guerre. Racontant
la démesure absolue avec une implacable rigueur et
un sens inouï du burlesque, elle atteint une maîtrise romanesque
impressionnante.