Trois ou quatre cents volumes et des milliers d'articles ont déjà été écrits sur l'extraordinaire aventure que fut, au début du XIXe siècle, la vie de Gaspard Hauser. Ce jeune homme apparut à Nuremberg le 26 mai 1828. Prétendant avoir vécu plusieurs années dans un cachot souterrain, enfermé au château de Nuremberg, puis confié à un professeur qui tentera sur lui d'innombrables expériences, cet enfant de dix-sept ans ne tarde pas à devenir la coqueluche de la ville. Mais les événements se précipitent : après avoir échappé à deux mystérieux attentats, il revient, le 14 décembre 1833, d'une promenade solitaire, la poitrine percée d'un coup de poignard.
Enfant volé ? Prince déguisé ? Imposteur ? Depuis plus de cent ans, l'énigme n'a cessé de passionner les foules, les historiens, les romanciers, les cinéastes et les amateurs de tables tournantes.
Pour la première fois en France, Jean Mistler s'est livré à une étude complète des documents. Mais il ne s'est pas borné, comme les érudits allemands, à ce travail critique : il s'est attaché à faire revivre l'atmosphère des années 1830 en Allemagne. En même temps, il a cherché à expliquer la personnalité énigmatique de Gaspard Hauser.
Jean Mistler, écrivain et homme politique (1897-1988), était bien préparé par ses romans sur l'Allemagne et ses études sur le romantisme, Hoffmann et Wagner, à traiter ce sujet complexe et mystérieux. Sa connaissance des mythes et du folklore, sa vive curiosité pour les techniques nouvelles de la psychologie et les travaux de Jung lui ont permis des vues originales sur le comportement de Gaspard Hauser. Ajoutons qu'il a profité, pendant plusieurs années, de ses recherches dans les archives de Bavière pour revoir tous les paysages qui lui étaient familiers : aussi trouvera-t-on dans son livre une évocation saisissante de ces vieilles cités où l'histoire, à chaque tournant, donne la main au rêve.