Alors qu'il est possible aujourd'hui de deviner, voire de déterminer, à partir du prénom d'un individu et de sa date de naissance le milieu social dans lequel il est né, les études que nous avons menées précédemment à travers la documentation des xie-xive siècles nous ont montré qu'un tel décryptage est difficile ; certes, il est, à cette période, des noms attachés à quelques grandes familles, noms rares et spécifiques, qui ont une quasi vocation d'appartenance lignagère ou de revendication sur un patrimoine, mais pas directement de distinction sociale. Mais il est frappant de constater que ce patrimoine onomastique est loin d'être jalousement conservé et que, au cours du xiiie siècle, nombre de familles de vieille souche abandonnent, en tout cas pour leurs aînés, les « noms » qui leur sont les plus spécifiques au profit de l'un de ces innombrables Jean ou Pierre.