La littérature anglaise de la fin du Moyen Age fait une large place au thème du voyage. Récits d'exploration du monde (Mandeville's Travels, Saint Brendan ou encore Kyng Alisaunder), de découverte de l'Au-delà (Saint Patrick et The Vision of Tundale) et d'aventures chevaleresques (Sir Orfeo, Sir Degarre et Floris and Blauncheflour) prétendent tous, à des degrés divers, représenter la réalité du monde. Ils dessinent une géographie de la terre marquée par la proximité entre les vivants et les morts et la prégnance du merveilleux. Toutefois, la visite ne débouche pas sur une prise de possession de l'espace : l'ailleurs pénètre le voyageur et se saisit de lui. Le voyage se révèle alors visite d'un espace intérieur : parcours psychologique individuel, le trajet éclaire aussi l'image qu'une société toute entière se fait d'elle-même. L'altérité engage donc une réflexion sur l'identité dont l'un des enjeux essentiels, aux yeux des auteurs, s'avère le progrès de l'âme vers Dieu.