Géopolitique de la projection aérienne française de 1945 à nos jours
L'arme aérienne est souvent la première à intervenir sur un théâtre d'opérations. En quelques heures, son engagement porte un message politique, qui suffit parfois de lui-même à enrayer une crise. Si ce n'est pas le cas, l'action aérienne marque alors le déclenchement du conflit. Ces observations conduisent à s'interroger sur ce que les experts militaires nomment la projection aérienne, c'est-à-dire la faculté à agir vite et loin grâce à la puissance aérienne. Parallèlement aux aspects conceptuels, cette notion est associée à des exemples concrets : conflits, déploiements, opérations extérieures ou même exercices, qui permettent de tirer un certain nombre de leçons quant à l'emploi de la puissance aérienne.
Cet ouvrage s'appuie sur le recensement d'une centaine d'opérations qui brosse une période de près de 80 ans d'engagement de l'armée de l'air française. Alors que seul un petit nombre d'États dispose des capacités militaires pour faire de la puissance aérienne un instrument géostratégique, la France offre un cas d'étude singulier. Si la projection aérienne française semble avoir été façonnée pour l'intervention dans les zones d'influence de Paris, notamment sur le continent africain, la capacité des forces aériennes françaises à mener des actions dans des régions plus lointaines s'est plutôt construite de manière empirique, en fonction de besoins spécifiques liés à un conflit ou à une mission.
Sur le plan géopolitique, l'analyse fait ressortir les interactions réciproques entre le rang de la France à l'échelle mondiale et ses capacités de projection aérienne. Si Paris entend jouer un rôle majeur dans la gestion des crises de demain, cela passe nécessairement par un outil de projection aérienne de premier ordre tandis que, parallèlement, sa faculté à intervenir dépend de sa diplomatie, de ses accords de défense, ou encore de son réseau de bases à l'étranger.