Georges Pompidou : avec de Gaulle 1944 - 1959
« Je pense pouvoir dire que de 1944, et en tout cas de 1948, à sa mort, nul, sa famille mise à part, ne l'a au total approché autant que moi, n'a connu sa pensée mieux que moi, n'a pu observer l'homme, en tant qu'individu et en tant qu'homme d'État, autant que moi »... ainsi, s'exprime, en 1973, Georges Pompidou pour évoquer sa relation avec le général de Gaulle.
Durant les années 1944-1959, Pompidou reste dans l'ombre du général de Gaulle. L'immense majorité des Français ne le connaît pas. Il n'appartient pas aux gaullistes de la Résistance, mais entre dans l'entourage du président du Gouvernement provisoire de la République française dès octobre 1944. Au temps du RPF, de Gaulle le rappelle pour être son chef de cabinet entre avril 1948 et 1953, puis son directeur de cabinet quand il revient au pouvoir à la fin de la IVe République.
De nouvelles archives dont celles de Georges Pompidou et en particulier son journal, intégralement reproduit et analysé ici, de nouveaux témoignages permettent de revaloriser le rôle de l'homme de l'ombre dans l'histoire du gaullisme d'opposition et dans la fondation de la Ve République.
Pompidou apprend à connaître celui qu'il appelle parfois familièrement « Charles » dans ses cahiers manuscrits, écrits au jour le jour. Il témoigne des convictions et de l'enthousiasme du Général, mais aussi de son pessimisme. Il acquiert une expérience de la politique, alternant lui aussi intérêt et scepticisme. Il se constitue un réseau personnel et exerce une réelle influence, sans jamais apparaître en première ligne. Le jeune enseignant plongé dans l'histoire nationale à la Libération devient, en 1958, l'alter ego de Charles de Gaulle président du Conseil. Malgré son retour dans le privé, chez Rothschild où il travaille depuis 1953, Pompidou au moment où commence la Ve République, a déjà l'étoffe du Premier ministre qu'il devient en 1962.
Une telle ascension s'explique par la confiance rapide mais croissante que le général de Gaulle accorde à son collaborateur dont il apprécie l'intelligence, la culture, l'indépendance de jugement et la hauteur de vue. Durant ces années 1944-1959, aucune ombre n'existe dans les relations entre de Gaulle et Pompidou, toutes les sources en témoignent.
Par la suite, dans l'exercice partagé du pouvoir au temps de la présidence de Gaulle, la relation se dégrade progressivement, à partir de 1965 et surtout de mai 1968. C'est une autre histoire...