Ghérasim Luca (1913-1993) est un grand singulier du XXe siècle : inassignable et irréductible, son oeuvre-vie est entièrement dans l'époque et à contre-époque.
C'est pourquoi elle continue à nous toucher. Elle refait nos relations : nos histoires et nos liaisons. Dire et voir, s'entendre et s'aimer ne sont plus pareils après les cubomanies ou les ontophonies, si l'on veut bien accepter ces désignations, pour les tableaux et les poèmes, proposées par Luca lui-même. Plus encore, l'oeuvre-vie de Luca est l'invention continue de ce que peut faire un poème et un tableau : et cela change tout du langage et de la vie, cela les met l'un dans et par l'autre. Pour la présentation qui suit, on ira immédiatement vers la définition-valeur du poème et de l'art prise à son « autodétermination » : s'asseoir sans chaise. Manière de tenir le corps et le langage au plus fort avec le poème dans tous ses états, dans et par les mouvements cubomaniaques et ontophoniques qui deviennent nos expériences : voir et se voir, lire et se lire, vivre et s'aimer... avec Ghérasim Luca.
Serge Martin