Le 26 octobre 1440, à onze heures du matin, «dans un pré
situé au-dessus des ponts de Nantes», était pendu Gilles de Rais,
baron de Bretagne et ancien compagnon de Jeanne d'Arc. Son
corps, jeté sur un bûcher, était bientôt tiré des flammes pour être
enseveli par «quatre ou cinq dames ou demoiselles de grand
état». Il avait été reconnu coupable d'actes de sodomie sur la
personne de «cent, deux cents enfants et plus», d'homicides
multiples et d'invocations des démons.
Depuis, les braises du bûcher de Nantes n'ont pas cessé
d'alimenter les foyers de l'Interrogation historique. Gilles était-il
coupable, et si oui, jusqu'à quel point ? A-t-il été victime d'un
complot ? Pour la première fois, un ouvrage surplombe
controverses et polémiques et, cessant d'interroger de maigres
sources pour tâcher de déterminer qui était le sire de Rais, se
concentre sur l'attraction que continue d'exercer à travers les
siècles cette figure de grand seigneur méchant homme.
De Georges l'Adventureux à Georges le Transgresseur, de
Chastellain à Bataille, du XVe au XXe siècle, à travers une galerie
d'écrivains oubliés, Michel Meurger suit pas à pas la constitution
d'un grand mythe français.